Transformer son éco-anxiété en levier d’action au service de la transition écologique. Ariane Komorn l’a concrétisé. Après un début de carrière dans le cabinet de conseil McKinsey, elle cofonde en 2021 La Solive, une école qui propose des bootcamp de reconversion aux métiers de la rénovation énergétique. Une réponse aux importants besoins du secteur du bâtiment en termes de compétences et une aventure entrepreneuriale riche d’enseignements.

Pourquoi avoir créé La Solive ?

Pendant le premier confinement en 2020, j’ai lu des ouvrages sur l’urgence climatique et cela m’a fait très peur, c’était assez vertigineux. Je me suis dit : “Soit je reste dans mon éco-anxiété, soit je me mets en action“. J’ai alors suivi un parcours de reconversion et je me suis assez vite intéressée au secteur du bâtiment qui représente 45% de la consommation d’énergie et 25% des émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit du plus gros secteur d’activité sur lequel agir pour réussir la transition. Le problème est que le bâtiment manque aujourd’hui de 300 000 personnes qualifiées, notamment pour encadrer les travaux de rénovation énergétique, et il faudra en former 500 000 d’ici à 2050 pour atteindre les objectifs. J’ai donc décidé de soutenir les reconversions dans ces métiers qui ont du sens, qui sont concrets et avec lesquels on peut très bien gagner sa vie.

On sent qu’il y a un bouleversement dans les consciences

On sent qu’il y a un bouleversement dans les consciences, que l’envie est là mais les entreprises, les bureaux d’études ne savent pas comment trouver les bonnes compétences. C’est comme cela qu’on a noué des partenariats avec de gros acteurs du secteur comme Leroy-Merlin, Effy, des acteurs publics comme les espaces France Renov’, Économie d’Énergie (La Poste) ou encore IZI by EDF. Nous avons formé 130 personnes depuis septembre 2021.

D’autres structures vous ont-elles inspirés ?

Nous nous sommes inspirés de structures qui ont engagé le même type de démarche dans d’autres secteurs, notamment celui du digital. Il y a une dizaine d’années, quand il a fallu accélérer sur la transition numérique, il s’est retrouvé confronté à une importante pénurie de main-d’œuvre. C’est là qu’a émergé le format de formation du bootcamp, une formation intensive sur un temps court, une réponse adaptée pour tous ceux qui n’ont pas la possibilité de passer un an en formation. Chaque heure est utilisée pour acquérir des compétences. Une formation à La Solive dure entre trois et cinq mois.

De quelle manière avez-vous débuté l’activité de la Solive ?

Comme je ne suis pas une experte de la rénovation énergétique, je suis allée chercher des personnes avec lesquelles constituer l’équipe pédagogique et concevoir les parcours. C’était assez compliqué au démarrage. Pour mon équipe pédagogique, cela a représenté une moyenne de 15 entretiens pour le recrutement d’une personne.

Nos 25 formateurs sont des professionnels du secteur

Nos 25 formateurs sont des professionnels du secteur, des maîtres-d’œuvre, des artisans, des auditeurs énergétiques… Cinq d’entre eux sont des ingénieurs pédagogiques, c’est-à-dire des concepteurs de formation. Nous en recherchons en permanence.

Quel est le profil de vos élèves ?

Ce sont des adultes en reconversion qui ont entre 30 et 50 ans et qui viennent de tous les horizons professionnels, de la comptabilité à l’aéronautique. Certains ont fait le tour de leur métier, n’y trouvent plus de sens et souhaitent avoir un impact sur la transition écologique. D’autres cherchent à rebondir dans un secteur en tension où ils sont sûrs de trouver du travail. Les autres sont ceux qui veulent se mettre à leur compte et auxquels le bâtiment offre facilement cette possibilité. Aucun prérequis ou connaissance sur le monde du bâtiment n’est nécessaire pour suivre nos formations, le candidat est évalué sur son esprit logique et sa capacité à comprendre un énoncé et synthétiser des propositions.

Quels enseignements tirez-vous de cette première année de fonctionnement de La Solive ?

Il est très important de trouver le bon associé pour monter ce type de projet. J’ai eu une chance incroyable d’avoir rencontré Côme de Cossé Brissac car nous partagions la même vision du projet. C’est un premier enseignement. Le second est que cela a été une bonne chose d’avoir osé se jeter à l’eau avant que le produit ne soit complètement prêt. La Solive a été créée en avril 2021 et un mois et demi plus tard, on organisait notre premier module de formation pour une entreprise. Dès le mois de septembre, une promotion de 15 personnes était lancée. Tout n’était pas parfait, il a fallu trouver des solutions mais nous avons énormément appris. Aujourd’hui, on lance des promotions toutes les deux semaines. Un dernier enseignement est que le projet a pu se développer car les premières personnes recrutées avaient un état d’esprit entrepreneurial et un fort esprit d’autonomie et d’initiative. Elles ont beaucoup apporté au projet.

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Photo d'Ariane Komorn, dirigeante de La Solive
Ariane Komorn
Co-fondatrice & CEO
Société
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