Fondée par Philippe Rambaud en 2012, l’association 60 000 Rebonds offre aide et accompagnement aux dirigeants d’entreprise en faillite. Constituée d’experts bénévoles et d’organisations partenaires (Ernst & Young), elle a pour mission d’être une Centrale de Compétences, offrant coaching, conseils d’experts et ingénierie bancaire et financière à des entrepreneurs post-faillite. Son but : les aider à rebondir plus vite et mieux que s’ils restent isolés.

Comment est née l’association 60 000 Rebonds ?

L’histoire est partie de la mienne. Après 25 ans dans le groupe Danone, dont 11 ans de DG, j’ai décidé en 2000 de créer mon entreprise, à 49 ans. Pendant 8 ans, j’ai eu de très beaux clients, de très beaux projets mais avec malheureusement peu de marges. En 2008, mon cash-flow était trop faible, certains de mes clients ont coupé leurs budgets et je me suis retrouvé comme 60 000 entrepreneurs par an en cessation de paiement, puis dans l’obligation de déposer le bilan.

Comment avez-vous surmonté cet échec à l’époque ?

J’en parle aujourd’hui avec légèreté, mais j’ai vécu cela comme un triple traumatisme, personnel, professionnel et financier. J’ai eu la chance de le vivre dans des conditions exceptionnellement favorables, avec d’abord une femme coach, qui m’a dirigé vers un psychothérapeute, des partenaires et anciens clients qui m’ont aidé à passer ce cap et à redémarrer une activité de conseil. Enfin, pour la partie financière, mes actionnaires de l’époque m’avaient alors obligé de prendre une assurance chômage, ce qui était à l’époque plutôt désagréable ! Mais lorsque je me suis cassé la figure, j’étais au final bien content.

Après cette faillite, je me suis rendu compte que 60 000 personnes faisaient faillite tous les ans. J’ai trouvé que c’était colossal et je me suis dit qu’il devait là-dedans y avoir des gens formidables, dont on ne faisait rien, stigmatisés par leur échec, et qu’on laissait dans des conditions beaucoup plus périlleuses que la mienne à l’époque.

J’ai donc voulu mettre en place cette association pour partager la chance que j’ai eue, face à ces trois traumatismes: avoir eu un accompagnement psychologique personnel, des gens qui se sont mobilisés pour m’aider dans mon projet professionnel et enfin n’avoir pas eu d’épée de Damoclès sur la tête sur le plan financier, puisque je bénéficiais d’une assurance chômage.

Et vous avez construit l’accompagnement sur ce triptyque-là ?

En effet, j’ai voulu recréer un dispositif d’aide en trois temps : personnel, professionnel et financier. Pour la première partie, je ne propose pas de psychothérapie en tant que telle, mais nous avons un programme de coaching individuel très sérieux, avec 7 séances d’1h30. On fait ensuite des ateliers collectifs, avec 7 à 8 experts métiers et des entrepreneurs, face auquel l’entrepreneur vient exposer sa problématique. Tout le groupe de travail se mobilise non pas pour prendre des décisions à la place de l’entrepreneur, mais pour questionner, suggérer et aider la personne à aller jusqu’au bout de son projet de rebond. Enfin, on peut apporter une aide sur la partie très importante qu’est la recherche de financement. On a pu s’être reconstruit individuellement, avoir compris ses erreurs et imaginé un business model original, mais pour la suite, il faut avoir des financements pour lancer son affaire. Si on n’a plus d’argent, si on est endetté, que l’on s’est comme souvent porté caution personnelle, c’est très difficile. On aide donc les gens à se tourner vers les bonnes personnes, les bonnes institutions.

Où êtes-vous situé ?

On a commencé à Bordeaux, avec des tests à petites échelles, notamment grâce au soutien d’Alain Juppé et de ses équipes. Depuis juin 2013, nous nous sommes déployés dans 10 villes. A chaque fois, nous avons mis en place une vraie structure locale, avec des bénévoles de grande qualité, des coaches, des entrepreneurs, etc. Nous sommes au sein de l’association près de 250 experts.

A quels types d’entrepreneurs avez-vous affaire ?

Notre cible, ce sont les faillites de zéro à deux ans. Des entreprises qui viennent d’être liquidées, et dont les patrons sont parfois KO debout. L’idée est de les accompagner au plus vite, de ne pas les laisser seuls dans leur traumatisme. On laisse beaucoup de soi-même. L’important, c’est de faire de cet échec un tremplin. J’ose dire que l’échec est une occasion merveilleuse de grandir. Les conséquences de l’échec sont souvent catastrophiques, mais l’échec en soi doit être vu comme une chance dans sa vie. Mais cela ne se fait pas tout seul, il faut pour cela travailler cet échec, avec des experts, des accompagnants extérieurs.

Qui se retrouve autour de l’entrepreneur ?

On essaie d’avoir autour de la table une grande variété d’experts. Il n’y a pas de personne omnisciente ou omnipotente. Les métiers sont compliqués, et mon idée, c’est d’avoir un collectif de bénévoles qui aide l’entrepreneur, une fois qu’il est reconstruit individuellement. On constitue une sorte d’incubateur, une centrale de compétences.

Quels types d’entrepreneurs aidez-vous ?

On n’est pas du tout élitiste. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le résultat net 4 ans après. Cela, ce sera grâce à eux. On prend des petits, des moyens, des grands. On sélectionne surtout des hommes et des femmes qui paraissent avoir de l’envie, de la générosité, du talent. C’est plus sur leurs valeurs humaines, en fait, que sur des que prétendues compétences entrepreneuriales.

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Philippe Rambaud
Président
Société
60 000 Rebonds
Activité
Association d'aide aux dirigeants
Date de création
2012
Effectifs
308 membres

Logo 60 000 Rebonds par Philippe Rambaud, pour le blog Valeurs d'Entrepreneurs de Bruno Rousset