Pascal Hostachy est le co-fondateur de Woonoz, une entreprise lyonnaise qui développe le Projet Voltaire, un outil de remise à niveau en orthographe basé sur l’intelligence artificielle. De formation scientifique puis littéraire, ce développeur informatique s’est découvert une passion pour le marketing et la vente en devenant entrepreneur. Deux sujets dont il ignorait tout auparavant. Pour « Valeurs d’entrepreneurs », ce « geek » autodidacte revient sur son parcours atypique et ses projets.

Comment êtes-vous devenu chef d’entreprise et pourquoi Woonoz ?

Après 15 ans passés comme développeur informatique, collaborateur puis manager, je suis devenu chef d’entreprise pour être maître de mon destin. Il fallait que je sois pilote du bateau pour laisser libre cours à ma grande créativité. J’ai créé Woonoz suite à un constat. Après un cursus scientifique et des années de salariat, j’ai repris des études littéraires, ce qui a parfois été difficile. Il n’existait pas vraiment de méthode efficace pour étudier en fonction de son rythme. J’ai donc eu l’idée de développer un logiciel basé sur l’intelligence artificielle pour apprendre de manière optimisée et en gagnant du temps, et ce, quelle que soit la personne ou la formation. Je me suis dit que ce serait l’objet de ma première création d’entreprise. Le logiciel Woonoz, c’est un peu la boîte magique pour concevoir des modules de formation et d’apprentissage qui s’adaptent au rythme et aux lacunes de chacun.

Comment vous êtes-vous lancé ?

Avec un peu d’inconscience et en profitant en 2005 d’un plan de licenciement. Avec ma prime d’ancienneté, j’ai constitué le capital de Woonoz et créé l’entreprise. Je n’avais aucune expérience en marketing, en gestion, en commercial. Je me suis jeté dans le vide. Mon associé était lui aussi dans l’informatique. Nous avons trouvé un troisième associé, un ingénieur informatique, mais diplômé d’un MBA et avec beaucoup plus de culture business.

« Notre vaisseau amiral est le Projet Voltaire »

Aujourd’hui Woonoz compte une centaine de salariés, c’est une société rentable avec une croissance constante. Nous travaillons avec 5 000 écoles, plus de 2 000 entreprises. Notre vaisseau amiral est aujourd’hui le Projet Voltaire, consacré à l’apprentissage de l’orthographe et de l’expression, auquel 7 millions de personnes ont participé depuis 2008.

Comment est né ce Projet Voltaire ?

Quand nous avons démarché nos premiers clients pour Woonoz, ils nous ont alertés sur un sujet que nous n’avions pas imaginé, celui des obstacles liés à la maîtrise de l’orthographe parmi les collaborateurs. Je ne me doutais pas qu’il s’agissait d’une telle difficulté pour les entreprises et d’un sujet aussi tabou, même si j’avais une sensibilité sur le sujet de par mon cursus littéraire. Nous nous sommes rapprochés du champion du monde d’orthographe et d’experts pour aboutir à une première version en 2008. Elle a rencontré un écho immédiat dans le monde de l’entreprise et de l’enseignement.

Quand on crée un projet comme le Projet Voltaire, est-ce parce qu’on est convaincu de la responsabilité sociétale de l’entrepreneur ?

Les entrepreneurs, et notamment les plus jeunes, sont soucieux des enjeux sociétaux, de la planète. J’ai du mal à me lever le matin si je ne suis pas convaincu que je vais faire quelque chose d’utile pour la société.

« La maîtrise de la langue française, c’est essentiel. »

La maîtrise de la langue française, c’est essentiel. Laisser une langue en perdition, c’est dramatique. La langue maternelle est le siège de notre pensée. Quand le vocabulaire se réduit, quand un individu n’a pas assez de mots, il est plus facilement manipulable…

Quels sont aujourd’hui vos projets et ceux de votre entreprise ?

La trajectoire naturelle du Projet Voltaire est de ne pas se limiter à l’orthographe, au vocabulaire, à la syntaxe, mais de s’étendre à l’apprentissage de l’expression. Dans la vie professionnelle et personnelle, on peut être disqualifié assez vite quand on ne maîtrise pas l’expression orale. Nous menons également des réflexions pour aller sur d’autres sujets que la langue française. À titre personnel, j’ai quitté la direction opérationnelle de Woonoz pour prendre un peu de recul. Aujourd’hui, j’ai envie de créer d’autres entreprises, toujours dans l’univers du digital. J’ai aussi des projets dans le cinéma, du côté de la production.

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Photo portrait de Pascal Hostachy
Pascal Hostachy
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Projet Voltaire