Fabrice Bonnifet est le Directeur développement durable, Qualité, Sécurité, Environnement du Groupe Bouygues. Il préside également le collège des directeurs du développement durable (C3D). Deux activités qui lui permettent de porter un regard acéré sur les enjeux de la mobilisation des entreprises et de l’urgence à agir.
De quelle manière le groupe Bouygues se mobilise-t-il sur la question de la RSE en intégrant la diversité de ses métiers ?
L’enjeu est de réaliser une animation centrale pertinente de la politique RSE pour les 6 métiers du Groupe qui ont des enjeux très spécifiques. La première exigence du Groupe vis-à-vis de chaque filiale est le respect de la réglementation, mais il y a aussi des sujets transverses stratégiques à prendre en compte comme les politiques mixité et climat et biodiversité.
« Le but est que chaque filiale se dote d’une feuille de route claire »
Le but est que chaque filiale se dote d’une feuille de route claire avec les objectifs mesurables et quantifiables. Cela concerne évidemment toutes les thématiques de la RSE : l’environnement, le sociétal et le social. Nous transmettons ensuite aux censeurs des indicateurs agrégés à l’échelle du groupe, tout en donnant des exemples de déclinaison opérationnelle par métier. Un grand groupe côté se doit de montrer l’exemple en termes de transparence, de complétude, de qualité des données quantitatives et qualitatives sur l’ensemble du spectre de la hard law. Le travail de collecte et de consolidation est fastidieux et il s’appuie sur des systèmes d’information dédiés et des collaborateurs experts dans le traitement des données.
Quelles sont les clés d’un déploiement efficient de la politique RSE au sein du Groupe ?
Outre le respect de la régulation, l’autre enjeu est bien entendu la transformation. Celle-ci est indispensable pour prendre en compte concrètement dans les modèles d’affaire les alertes des scientifiques et donc les limites planétaires.
« Il faut transformer la façon de créer la valeur. »
Nous avons pour cela mis au point des méthodes pour accompagner les unités opérationnelles dans les changements à prendre en compte pour tendre vers le modèle de l’entreprise contributive et régénérative, seul capable de produire de la valeur économique sans détruire la valeur écologique. Cela implique d’intégrer plus d’économie circulaire et de la fonctionnalité dans les processus de production. Cette évolution requiert un important travail de pédagogie auprès de nos parties prenantes et en particulier de nos clients.
Cette mobilisation s’observe-t-elle aussi au sein du collège des directeurs du développement durable (C3D), dont vous êtes président ?
Oui le mouvement concerne désormais toutes les entreprises. Le collège des directeurs du développement durable rassemble 271 membres, essentiellement des grandes entreprises. Sa raison d’être est d’aider les responsables RSE à acquérir des connaissances, des méthodes et des outils permettant de gagner en efficacité dans l’exercice de leur métier. Cela passe notamment par de l’échange de bonnes pratiques entre membres, puisque les entreprises sont à des niveaux d’avancement et de maturité très différents. Le but est d’accélérer les mutations nécessaires pour produire sans polluer et sans émettre de gaz à effet de serre. Compte tenu de la gravité de la situation environnementale et sociale partout dans le monde, il ne s’agit plus pour les entreprises d’assumer leur responsabilité sociétale, mais leur responsabilité morale.
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