Okeenea regroupe quatre entreprises qui développent des solutions d’accessibilité pour les personnes handicapées. Le groupe a notamment été sélectionné par la ville de New-York dans le cadre de son appel à projets Call for Innovation en 2019. Rencontre avec Rémi Rochon, directeur général, qui partage sa vision d’un entrepreneuriat tourné vers l’autre.
Valeurs d’entrepreneurs : Pourquoi avoir fait le choix d’entreprendre ?
Rémi Rochon : Le moteur originel est de bâtir des choses, de façonner des édifices, avec les autres. L’entrepreneuriat, c’est ma façon d’exprimer ma créativité là où d’autres vont le faire de manière plus artistique ou sportive, etc. C’est mon moyen d’expression. Mon père est entrepreneur. Je l’ai vu partir d’une idée, identifier un problème qui n’avait pas de solution chez les personnes aveugles, définir des réponses techniques et ensuite convaincre qu’il y avait là un enjeu. C’est ainsi qu’il a développé une entreprise. Okeenea en est l’évolution.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Le sens et la quête. Participer à quelque chose qui dépasse nos intérêts individuels, qui serve un enjeu sociétal et concrétise des valeurs. S’engager avec l’amour de la cause que l’on défend. C’est un ingrédient fondamental pour que notre ambition soit sans limite et pour engager les autres dans la direction qui est la nôtre. Je crois aussi qu’il y a dans l’entrepreneuriat une histoire d’ego, dans le sens positif du terme. Tous les entrepreneurs que je côtoie ou que j’observe sont des gens avec une forte personnalité, un ego qui porte en lui la capacité de mettre en mouvement, de déployer l’énergie nécessaire pour franchir les obstacles.
Le leadership est très important.
Un ego tourné vers l’autre ?
L’Autre dans ses deux dimensions. Celle au sens des personnes avec qui je partage mon quotidien, comme mes collaborateurs, mon écosystème, mes clients, mes partenaires, etc. Et celle au sens de ce qui est différent de moi. La vocation d’Okeenea est d’intégrer les personnes handicapées dans la société. Entreprendre confère du pouvoir et de grandes responsabilités. Quand on a du pouvoir, autant l’exercer pour concevoir un monde un peu plus en phase avec nos valeurs, plus équilibré, plus équitable. Tout ce que nous faisons va dans le sens de favoriser l’intégration des plus faibles.
Entreprendre confère du pouvoir et de grandes responsabilités.
Qu’est-ce que vous estimez réussi dans l’aventure Okeenea ?
Notre association. C’est difficile quand on est trois, d’autant plus quand on est en famille (son frère Martin est associé, ndlr). En dix ans, nous avons appris à beaucoup nous écouter pour nous comprendre dans nos singularités. Ce sont les fondements de notre façon d’envisager le monde entrepreneurial. Je crois que la manière dont nous avons aidé nos équipes à prendre confiance en elles et à s’engager dans un projet collectif est aussi un succès !
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