Si Mozaik RH est devenu un acteur référent en matière de lutte contre les discriminations, ce cabinet de recrutement résolument iconoclaste fait du développement de ses entreprises-clients une autre de ses priorités. Avec comme leitmotiv la diversité, considérée comme facteur de développement économique.
Un nouveau modèle de service de recherche d’emploi
Selon l’observatoire des inégalités, le chômage est dans une même agglomération deux fois plus élevé dans une zone urbaine sensible (Zus) et près de deux fois et demi plus élevé qu’ailleurs : 24,2 % contre 9,9 % en 2012. Si les facteurs sont complexes et multiples et souvent d’origine sociale (xénophobie, ségrégation urbaine, territoires moins créateurs d’emplois, niveaux de diplômes plus élevés), les difficultés des jeunes en quête d’emploi sont aussi à trouver dans le système et la culture du recrutement en France.
Par réflexe et par habitude, les recruteurs préfèrent ainsi les parcours classiques, et tendent ainsi à reproduire un système qui exclut des millions de jeunes français. « La première conséquence, c’est d’abord qu’une première partie des jeunes, qui réussissent dans le système scolaire et universitaire, soient maintenus hors des réseaux qui sont aujourd’hui essentiels à la réussite d’une carrière, notamment dans les grandes entreprises privées. A armes égales, ils n’ont pas les mêmes chances » explique Saïd Hammouche, le fondateur du cabinet Mozaik RH. « La seconde, c’est que ceux qui sont sortis du système scolaire n’ont pas les codes et les informations qui font que l’on peut s’en sortir. Savoir qu’il existe des systèmes d’aide, des formations en alternance, ne va pas de soi pour de nombreux jeunes. Et le savoir, c’est un premier pas vers l’emploi ».
Créé en 2007, Mozaik RH s’est donc installé sur le territoire francilien avec l’idée d’apporter un nouveau modèle de service de recherche d’emploi : entre les acteurs publics, qui sont dans l’accompagnement mais pêchent par un méconnaissance du monde de l’entreprise, et les acteurs privés, qui le connaissent mais ont du mal à intégrer des jeunes en difficultés. « Le succès de notre modèle vient du fait que nous sommes compétents sur les deux tableaux. C’est la raison pour laquelle nous sommes un acteur qui se différencie ».
Afin de casser les habitudes des recruteurs et d’aller à l’encontre des idées reçues, il faut se battre avec ses armes. Celle de Saïd Hammouche, c’est la diversité, et la richesse qu’elle peut apporter aux entreprises.
Notre but consiste à convaincre les entreprises qu’il est utile et nécessaire de recruter dans la diversité.
Un facteur de performance économique
Mozaik RH s’est donc inscrit depuis sa naissance dans une démarche résolument positive, consistant à faire de la diversité un facteur de performance économique. « Nous sommes persuadés que ce n’est pas en sanctionnant les entreprises qu’on luttera contre les discriminations. Notre métier, c’est de chercher à proposer des candidats différents de ceux habituellement recrutés, capable d’apporter autre chose à l’entreprise, d’être force de proposition, de penser différemment et d’être des sources d’inspiration. Quand on est une entreprise et que l’on veut gagner des parts de marchés, nous pensons qu’il est important de diversifier ses équipes, car cela permet la mise en place de projets d’entreprise différents, qui sortent du cadre et permettent à l’entreprise de se développer là où elle n’aura pas eu l’idée d’aller. Et cela fonctionne, et les entreprises nous font des retours très positifs sur notre démarche. Ce qui fait que notre modèle économique est viable, c’est que l’on apporte de la valeur. »
Un travail de fond, qui doit, pour montrer sa pertinence, s’appuyer sur un travail de valorisation, afin de faire émerger ces nouveaux modèles de réussite en entreprise. « Plus on arrivera à les mettre en valeur, plus on montrera que notre démarche est positive et bénéfique à tout le monde : entreprises et jeunes en difficulté. On contribuera ainsi à créer du lien entre des mondes qui n’ont pas l’habitude de se côtoyer : celui du travail et celui des jeunes en difficultés. Cela prend du temps, il faut recréer un climat de confiance ».

Le regard de Bruno Rousset
Des parcours et des histoires atypiques à valoriser
La vision de Saïd Hammouche est intéressante car résolument positive. Il réussit le pari de montrer qu’il est possible de concilier des objectifs sociaux, de lutte contre les discriminations, et les objectifs de ses clients – entreprises, en leur offrant une valeur ajoutée. C’est une forme de sortie par le haut du problème auquel les jeunes issus de territoires défavorisés font face, lorsqu’il s’agit pour eux de s’intégrer dans un monde du travail, qui a parfois une tendance forte à la reproduction et au mimétisme.
Selon Saïd Hammouche, recruter dans la diversité est un facteur de développement. Je crois en effet de manière générale que pour réussir, il faut innover et casser les codes. Et tout ce qui permet à une entreprise d’innover, d’amener plus de créativité est de mon point de vue bon à prendre. Il ne faut pas oublier qu’entreprendre comporte toujours une part de risque. Alors, si recruter dans la diversité représente un « risque », par rapport au fait de jouer la carte de la sécurité et de recruter par des voies classiques, ceux qui font ce choix font à mon sens preuve d’une vraie ambition entrepreneuriale et en même temps un choix judicieux permettant à l’entreprise de se régénérer .
Les chiffres de l’emploi dans les quartiers défavorisés en France sont mauvais. Par la valeur de l’exemple, un acteur comme Mozaïk RH peut permettre d’améliorer cette situation. Je pense qu’il faut aujourd’hui mettre la lumière non pas sur ceux, plus nombreux, qui échouent ou qui peinent à s’intégrer, mais ceux qui réussissent. Et ce, afin de montrer qu’on ne réussit ou qu’on n’échoue pas en raison de telle ou telle origine sociale ou géographique, mais parce qu’on se donne les moyens de réussir, par exemple en sachant profiter de programmes d’aide ou d’accompagnement, qu’ils soient publics ou privés. Il faut du courage pour réussir sa vie professionnelle lorsque l’on est issu de milieux défavorisés. Ce sont ces personnes et ces histoires qu’il faut aujourd’hui valoriser.