Adrien Aumont est à la tête de la célèbre plateforme de financement participatif KissKissBankBank. Ce jeune entrepreneur au profil atypique s’attache avec ses deux associés à élargir la palette des outils de travail en interne pour faciliter le dialogue entre les collaborateurs. En ligne de mire, la construction d’un collectif doté de sens et d’appétit.
KissKissBankBank, Hello Merci, Lendopolis… Vos projets redonnent toute son importance au collectif dans une société où cela ne va plus forcément de soi… Comment cette dynamique est-elle retranscrite au sein-même de vos équipes ?
La confiance est tout d’abord un facteur clé dans une entreprise comme la nôtre. KissKissBankBank, c’est à l’origine une aventure familiale où tout le monde se connaît, où l’on se complète bien. Cette mutualisation de talents indépendants est l’une de nos caractéristiques. Je discutais l’autre jour avec un ancien collaborateur, développeur, que je n’avais pas croisé depuis 2 ans. Il me disait que ce qu’il avait particulièrement apprécié lors de son expérience chez nous c’est qu’on lui ait laissé autant de liberté. En même temps, c’est logique, quand on ne maîtrise pas un sujet, on laisse les clés à meilleur que soi ! Penser le collectif, c’est également explorer comment mieux travailler ensemble. Nous allons d’ailleurs bientôt lancer un grand chantier R&D sur les conditions de travail dans l’entreprise. Cela fait sourire mes collaborateurs mais pourquoi ne pas penser le découpage du temps de travail autrement ? Et pourquoi pas des semaines de quatre jours pour tout le monde ?
Penser le collectif, c’est explorer comment mieux travailler ensemble.
La réflexion est donc collective ?
Je ne suis pas manager à la base. Aujourd’hui, c’est un défi que d’innover et de trouver d’autres manières d’organiser le travail en interne, de donner les bons outils aux collaborateurs pour qu’ils puissent s’investir en retour dans de bonnes conditions. C’est un dialogue qui se doit d’être ouvert. De la même façon, lorsqu’un nouveau collaborateur arrive, tout le monde doit participer à sa formation et à sa bonne intégration. Il s’agit d’une responsabilité partagée.
Justement, quel type de profil recherchez-vous aujourd’hui ?
Des profils qui comprennent toutes les problématiques, qui aient la solution à tous les maux, qui possèdent des connaissances sur 18 secteurs d’activité… Autant dire que c’est mission impossible ! Non, plus sérieusement, nous avons besoin aujourd’hui de gens curieux, passionnés par les challenges de notre époque. Des personnes qui n’aient pas peur de cravacher pour ensuite trouver un rythme de carrière qui leur soit propre. Des personnes qui prennent en main leur travail pour définir elles-mêmes leur poste. Mais la vraie difficulté dans les RH est de trouver le juste équilibre entre la technicité et les valeurs. Certes, nous avons besoin d’expertises pointues dans tel et tel domaine mais nous avons surtout besoin d’individus animés par le même appétit et la même passion que nous…
Comment impliquez-vous votre équipe dans la vision de l’entreprise sur le long terme ?
Aujourd’hui, cela va crescendo. Nous essayons de mettre en place quelques process comme l’envoi d’une newsletter interne. A partir du moment où l’intérêt est là et où les collaborateurs commencent à évoquer les sujets d’ambition et de vision dans notre dos, c’est gagné. Après, les méthodes les plus anciennes sont parfois tout aussi efficaces : réunions hebdomadaires qui mettent tout le monde autour de la table, teambuilding car oui, apprendre à surfer avec ses collègues aussi c’est indispensable…
Aujourd’hui, c’est un défi que d’innover et de trouver d’autres manières d’organiser le travail en interne.

Le regard de Bruno Rousset
Lors de l’édition 2016 du Printemps des entrepreneurs qui s’est tenue à Lyon le 5 avril dernier, Adrien Aumont s’est distingué par son point de vue novateur et son franc-parler sur l’économie digitale.
Avec la création de ces nouvelles plateformes (KissKissBankBank, Hellomerci, Lendopolis…) il propose une vision de la société qui repose sur l’entraide, en facilitant le don ou le prêt entre les particuliers et même les professionnels. Trouver des modèles alternatifs pour aider à son tour les audacieux de demain, c’est le credo de ce jeune entrepreneur promis, c’est certain, à un bel avenir.
Un objectif qu’il partage avec Thierry Marx, qui évoquait il y a quelque temps pour Valeurs d’Entrepreneurs, l’initiative « Cuisine Projet Mode d’emplois » qui encourage de nombreux jeunes ou demandeurs d’emplois à se lancer dans le monde de la restauration.