Et si la clé du succès était de se fixer des objectifs réalistes ? C’est du moins la position de Pieric Brenier, créateur de C’PRO. Pour lui, c’est le chef d’entreprise qui doit donner la bonne mesure, en termes de résultats à atteindre comme de qualité d’échanges. Grâce à ses méthodes de management fondées sur l’écoute, l’employabilité et le développement des collaborateurs, l’entreprise a fait son entrée en 2013 dans le Palmarès Great Place To Work, comme entreprise où il fait bon travailler.
« Le bien-être au travail, ça se décide »
Au sens où « il appartient à un chef d’entreprise de se fixer des objectifs réalistes, tant en termes purement commercial qu’humain ». Fondamentalement indépendant, le patron de C’PRO a son franc-parler et sait où il veut aller. « En termes de développement, on ne cherche pas à avoir une croissance très forte : une dizaine de pourcents de croissance par an ! Parce que pour aller au-delà, il nous faudrait racheter des sociétés plus grosses. » Le problème ? L’intégration surtout. « Chaque entreprise a sa propre culture, la nôtre est très forte et occupe une place essentielle dans l’histoire de cette entreprise et de son succès. » Alors quand C’Pro approche une nouvelle entreprise, « il est essentiel qu’on se rejoigne autour de valeurs, d’une culture et de priorités communes ». Rencontres entre patrons, déjeuners, échanges, Pieric prend son temps. « Une vision commune de la vie, ça ne se décrète pas ! Il faut la sentir d’abord puis la partager à travers un séminaire d’intégration et la cultiver sur la durée. Nous sommes très attachés à ce que la greffe prenne vraiment pour que le greffon se fonde à terme dans l’organisme pour ne plus faire qu’un » explique Pieric.
Une croissance externe mesurée
Quid de la croissance interne ? « C’est un pilier de notre business model parce qu’il est plus « facile » de rester fidèles à nos engagements et nos valeurs »… Mais chez C’PRO, la croissance interne a aussi ses propres limites, humaines une fois encore, qui consistent « à ne pas déraciner géographiquement des collaborateurs sous prétexte de développement commercial par exemple. » Concrètement, quand un besoin se fait sentir pour répondre à un nouveau besoin client, l’entreprise publie en interne le poste et finit… souvent par recruter en externe, ce qui pose à nouveau, d’une autre façon, la question de l’appropriation de la culture interne…
Le C’PRO spirit serait-il une limite ?
Tout est une question de curseur et de priorité. « Bien sûr qu’il faut de la croissance. Elle est indispensable et a plein de vertus : elle donne de la fierté aux salariés, permet de créer des postes, ouvre des possibilités d’évolution aux collaborateurs. Si on fige l’organisation d’une structure pour préserver son âme, c’est sa mort assurée ! Chez C’PRO, on veut un peu de croissance, mais pas trop pour éviter que l’entreprise ne parte en vrille, mais suffisamment pour entraîner. » Une approche résumée en interne par l’adage « ici, on aime bien travailler sérieusement sans se prendre au sérieux ».
L’avenir ? Actionnaire majoritaire de son entreprise, Pieric veut avant tout rester libre
Je ne veux pas être piloté par un fonds d’investissement qui m’indique le niveau de retour sur investissement qu’il attend et qui en veut toujours plus !
Ce qui peut constituer un frein à la croissance. « Si j’avais un patron qui me mettait des coups de pieds dans les fesses, l’entreprise pourrait être 4 fois plus grosse ! Mais pour quoi faire ? » Pieric Brenier se pose bien sûr la question de l’ouverture du capital. « Il ne faut jamais dire jamais.. . Je suis très sollicité mais aucune approche ne m’a convenu jusqu’alors. Pas du tout même ! Dans l’esprit, je crois plus à d’autres approches comme l’actionnariat salarié, la participation… » Pieric regarde, réfléchit et continue de s’éclater avec les collaborateurs de C’PRO et l’entreprise de grandir !

Le regard de Bruno Rousset
Pieric Brenier dit souvent qu’il n’aurait pas pu faire autre chose de sa vie professionnelle qu’être entrepreneur. Un entrepreneur humaniste ou un entrepreneur en humanisme. Depuis toujours, sa vision de l’aventure est centrée autour de l’humain qui constitue son moteur ; ses choix sont forts et toujours cohérents, en dépit des chemins de traverses vers lesquels il aurait pu et pourrait encore s’engager pour faire grandir son entreprise…
J’ai toujours considéré qu’une culture d’entreprise devait être le terreau, le ciment de la réussite. Il y a vingt-cinq ans, quand j’ai créé April, j’avais déjà conscience que ce qui peut limiter la taille d’une entreprise et par là sa croissance, ce ne sont ni les finances, ni les machines, ni les bâtiments, mais l’impossibilité de communiquer, d’encadrer, d’animer… Depuis, je n’ai eu de cesse de faire vivre ce supplément d’âme qui fait toute la différence. En pensant à sa Provence de Manosque, Jean Giono disait que le « bonheur était dans les petites vallées »… Depuis son Ardèche natale, Pieric Brenier l’a également bien compris et garde le cap.