Accuracy, société spécialisée en conseil financier pour dirigeants d’entreprise, figure depuis 6 ans sur le podium du trophée Great Places To Work, avec notamment deux secondes places à son actif. Son président-fondateur, Frédéric Duponchel affirme avoir voulu simplement créer une entreprise à son image, qui a, au final, su trouver un équilibre subtil entre respect et considération des individus d’une part, et croyance d’autre part dans la prééminence du collectif.

Et vous, quelle entreprise avez-vous voulu créer ?

Chez un entrepreneur, on voit souvent des gens qui finalement veulent se créer leur propre monde, et ont envie d’avoir leur univers, qui leur ressemble et qui soit cohérent avec leurs profondes aspirations. C’est très souvent le moteur du départ. Avec ça, on peut faire le meilleur comme le pire. Lorsque l’on bâtit son entreprise comme un monde qui nous ressemble, cela peut être parfois surprenant, dans tous les sens, ce qui fait qu’on a des entrepreneurs idéalistes, des dictateurs, des gens motivés par l’argent, d’autres par la réunion de talents, par le fait de conquérir…
J’ai aussi essayé de créer une entreprise qui nous ressemble. Nous sommes une association, donc nous sommes plusieurs. J’ai mes associés autour de moi. Cela fonctionne parce que nous nous sommes toujours parlé. Nous avons la même vision, les mêmes aspirations. Nous sommes par exemple très inspirés par le monde du sport, notamment : les notions d’efforts, la performance, la solidarité… des sports d’équipe, la combativité, l’effet entraînement.

Comment est-ce que cela se traduit, concrètement ?

Très concrètement, nous n’avons pas, par exemple, de compte de résultats par associé. Dans la plupart des cabinets de conseil, il y a des comptes séparés, donc chacun se bat pour lui. Nous avons choisi de faire différemment. Nous avons un compte de résultat global, et nous mesurons ce que chacun a fait. Nous avons beaucoup de missions qui se font à 2 ou 3 associés. Beaucoup de missions qui sont vendues par un associé et qui sont passées à un autre. Nous favorisons les collaborations pour éviter les phénomènes de chapelle, d’appropriation. Nous ne sommes pas une polyclinique où les chirurgiens viennent pour opérer et s’en vont après.. L’esprit maison, c’est de faire ensemble, de se pousser les uns les autres. Pour que chacun ensuite soit récompensé pour ce qu’il a fait, mais aussi pour ses efforts, pour ce qu’il a apporté aux autres.

Comment choisissez-vous vos collaborateurs ?

Le fil conducteur, c’est l’exigence bienveillante. Nous sommes sur des métiers de haut niveau, donc nous sommes forcément très exigeants. Nous avons des clients qui demandent beaucoup de valeur ajoutée pour régler des sujets de haute importance, nous avons donc un devoir de performance et d’efficacité.
Ensuite, nous sommes bienveillants, car nous faisons en sorte que tout se déroule dans un état d’esprit positif. Nous accordons le droit à l’erreur, nous voulons que les gens se sentent bien dans leur peau et travaillent en harmonie.

Quelle part accordez-vous aux critères humains ?

Lorsque l’on recrute, on juge donc sur trois critères. Des critères « commerciaux » (facilité d’expression, de présentation), intellectuels (la capacité à proposer des solutions techniques intéressantes) et humains. Ces derniers sont très importants. On se pose la question de savoir si on a envie de passer 8 jours au bout du monde avec elle ou lui sur une mission : est-ce qu’il va avoir l’esprit d’équipe ? Est-ce qu’il va intégrer l’esprit maison et pousser avec les autres ? Quelqu’un qui est intellectuellement brillant, qui est un bon commercial mais qui veut tout faire tout seul, il ne passera pas chez nous…

Et vous avez le sentiment que cela fonctionne ?

Nous avons une croissance continue depuis 10 ans. Il faut la gérer, faire attention que l’esprit du début soit maintenu, que le souffle entrepreneurial continue, que les gens ne se sentent pas dans une grosse machine. Cela fait 6 ans que nous participons au challenge, Great Place to Work®, et nous sommes sur le podium pour la sixième année consécutive. C’est une performance unique dans l’histoire de ce trophée. En tant que créateur, c’est évidemment très satisfaisant, au-delà de la croissance, des succès clients, de la rentabilité. Le fait que les salariés répondent oui à près de 100 % à la question « pensez-vous qu’il fait bon travailler dans votre entreprise ? », cela me rend forcément très fier.

Comment organisez-vous la formation, en interne ?

C’est très organisé ! On a des stages de départ, de deux semaines, en mode un peu « commando », autour du principe « work hard, play hard ». L’objectif est de créer un vrai esprit d’équipe, dès l’entrée chez nous. Ensuite, nous organisons beaucoup de séminaires de formation, pour que tout le monde se rencontre. Nous sommes présents dans 9 pays, et il est important que tous soient liés, puissent se parler, échanger sur des sujets aussi bien techniques qu’humains. Nous avons enfin mis en place des moments d’ouvertures, des formations « culture et sens », où nous invitons des philosophes, des intellectuels sur des thèmes complètement disparates. L’ouverture d’esprit participe selon moi au bien-être des salariés. La culture fait partie des qualités que nous demandons, car cela permet de penser « out of the box », de réfléchir autrement !

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Le regard de Bruno Rousset

Entrepreneur et rebelle

Frédéric Duponchel met le doigt sur un aspect fondamental de l’entrepreneur. Il nous montre que l’entrepreneuriat est une forme de rébellion. Contre les autres et contre soi-même. L’entrepreneur est une personne qui, à un moment donné, décide de dire non, de faire comme il le souhaite. Il faut pour cela savoir s’affranchir du regard des autres et de la crainte qu’il peut inspirer chez celui qui veut oser. C’est un trait de caractère dont il faut savoir s’inspirer.

Ce qui est également intéressant, c’est de voir que cela n’est pas incompatible avec les vertus du travail en équipe, du collectif. Savoir dire non et penser autrement n’est pas forcément synonyme d’ultra-individualisme, ce que montre la type d’organisation qui préside aux destinées de sa société.

Frédéric Duponchel nous montre aussi que l’on peut s’absoudre des traditions, des coutumes propres à un secteur d’activité, pour créer une entreprise différente, qui s’établit hors des codes propres à ce secteur. Il nous explique avoir voulu créer une entreprise à son image. Et si c’était la clef de la réussite ?

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Frédéric Duponchel
Directeur associé
Société
Accuracy
Activité
Service de conseil financiers
Date de création
2004
Effectifs
236
Chiffre d'affaires
50 M€ en 2013

Logo Accuracy par Frédéric Duponchel , pour le blog Valeurs d'Entrepreneurs de Bruno Rousset