Rencontre avec Bernard Reybier, à la tête de Fermob, fleuron français du mobilier outdoor, qui s’exporte aujourd’hui aux 4 coins du monde. Un beau parcours pour une personnalité forte et déterminée.
Vous avez grandi dans une famille entourée de plusieurs générations d’entrepreneurs (fromages et salaisons, Reybier et Aoste), votre destin dans la grande aventure de l’entrepreneuriat était donc déjà tout tracé ?
Cela a toujours été évident pour moi effectivement. Il y a quelque chose qui relève presque de l’ordre génétique selon moi dans l’intérêt pour l’entrepreneuriat. Déjà tout petit cela me paraissait naturel. Je me suis familiarisé avec ce monde durant toute ma jeunesse. Je trouve d’ailleurs très courageux les individus qui se lancent dans la création ou la reprise d’entreprise sans connaître de longue date cet environnement.
Pourtant, vous n’avez pas tout suite été à la tête de votre entreprise…
Après des études à Annecy et à Lyon, j’ai démarré dans la vie active en sachant que je me mettrai un jour à mon compte. J’ai d’abord commencé à l’exportation dans une PME de véhicules frigorifiques, j’ai beaucoup voyagé puis je suis entré chez Black & Decker, une formidable école exemplaire sur le plan du marketing. J’ai commencé comme Chef de produit, j’ai fini en tant que Directeur Marketing de plusieurs divisions. Je m’étais fixé comme objectif d’y rester 7 ans… et c’est ce que j’ai fait.
Le plus important dans une entreprise, ce sont les hommes qui la font vivre.
Des objectifs précis, vous vous en étiez fixés lorsque vous avez cherché à racheter une entreprise à la fin des années 80 ?
Qui dit rachat, dit bien évidemment cahier des charges. En l’occurrence dans mon esprit à l’époque, je cherchais une entreprise qui répondrait aux critères suivants : un produit facilement exportable, fabriqué en propre avec un véritable savoir-faire et surtout un produit grand public. Je tombe alors complètement par hasard sur un atelier de métallerie à Thoissey de 11 personnes au chiffre d’affaires de moins d’un million. Mon entourage est surpris de mon choix, mais pour moi c’est un réel plaisir que de débuter cette nouvelle étape dans ma carrière. 25 ans plus tard, ma stratégie a certes évolué mais s’appuie sur les mêmes bases. Notre chiffre d’affaire n’a d’ailleurs pas cessé d’augmenter depuis.
Comment vos employés de l’époque ont accueilli ce changement ?
En arrivant, j’ai tout de suite annoncé que nous étions une entreprise mondiale ! On m’a d’abord pris pour un fou. Aujourd’hui notre mobilier occupe Times Square, le jardin de Majorelle à Marrakech et nous produisons et commercialisons en Asie.
De la volonté, du dynamisme pour faire valoir vos idées et fédérer autour de vous, il a dû vous en falloir… Quelles sont d’ailleurs selon vous les qualités qui font d’un chef d’entreprise un bon entrepreneur ?
Pour moi, il y a une aptitude primordiale à avoir et à conserver. Celle de savoir évacuer le stress et de préserver sa santé. Le reste n’est pas grave. Toutes les personnalités peuvent réussir, qu’elles soient introverties ou au contraire extraverties. Prendre du plaisir est primordial. J’ai d’ailleurs pour habitude de toujours poser la même question aux jeunes entrepreneurs que je rencontre : « Est-ce que votre projet va vous faire plaisir ? » La réponse à cette question est décisive.
J’en profite pour dire que le plus important dans une entreprise, ce sont les hommes qui la font vivre. Tout le monde peut acheter une structure et des machines, mais le premier capital, c’est l’humain. De plus, ce capital humain doit évoluer et ma plus grande fierté, c’est que le changement est aujourd’hui chez Fermob complètement assimilé. A tous les niveaux, le personnel s’est accoutumé de manière très positive au changement. La clé : toujours faire ce que l’on dit.
