Extia est né de l’impulsion de Nicolas Bourdin et Arnaud Frey. Le hasard a réuni ces deux entrepreneurs aux parcours différents au sein d’une même société. C’est là qu’ils se découvrent un point commun, celui de préférer l’humain aux process. Une conviction dont ils décident de faire le pilier de leur entreprise : Extia. Créée en 2007, cette société de services est devenue en quelques années une référence dans le domaine du conseil en ingénierie.
Comment êtes-vous devenus entrepreneurs ?
Nicolas Bourdin : je suis issu d’une famille avec des parents exerçant des professions libérales, et j’ai eu envie de créer mon entreprise depuis le plus jeune âge. L’entreprise faisait partie de ma vie quotidienne. Quand on a des parents qui travaillent 7 jours sur 7, cela donne forcément des envies de liberté dans sa vie professionnelle.
Arnaud Frey : j’ai un parcours assez différent. J’ai une formation d’ingénieur, et j’ai grandi dans un milieu plutôt scientifique, sans vraiment de culture entrepreneuriale. Mon envie d’entreprendre est venue progressivement. J’ai travaillé pour différentes sociétés dans le domaine des Télécoms – ma passion – dans des contextes fortement internationaux. J’ai été ainsi confronté à de grosses structures organisationnelles. Je me suis progressivement formé aux pratiques commerciales, et j’ai vite ressenti une frustration par rapport au fait que j’estimais que l’on ne s’appuyait pas assez sur le capital humain. Nicolas et moi nous sommes rencontrés dans une précédente entreprise autour de cette vision. On préférait l’humain aux process. Quatre ans après, nous formions Extia autour de cette vision. On est deux profils opposés, mais qui se sont retrouvés autour de valeurs communes.
Comment vous répartissez-vous les rôles ?
Nicolas Bourdin : on est complémentaires : ce que l’un veut faire, l’autre ne le veut pas forcément. On a essayé de déterminer des titres et finalement, au quotidien, dans l’application, on travaille plus sur nos qualités que sur nos fonctions. Arnaud mène les projets à bien, moi j’aime les lancer. Je m’attache à la coordination humaine et Arnaud aime que ce soit efficace. Mais on ne s’est pas posé la question, cela s’est fait de manière naturelle. Quand on doit lancer un projet, on se dit « Qui pourrait le faire ? Qui aurait envie de le faire ? A qui d’autre on pourrait proposer cette mission ? ». Notre volonté, c’est aussi que les salariés s’accaparent les idées et les mettent en œuvre.
Notre volonté, c’est aussi que les salariés s’accaparent les idées et les mettent en œuvre.
Vous mettez l’humain au centre. C’est une valeur cardinale à vos yeux ?
Nicolas Bourdin : plus globalement, je pense que les valeurs familiales sont très présentes chez nous deux. On a eu envie de créer une entreprise qui transmettait les valeurs de confiance mutuelle, de respect, d’amour, d’affection mutuelle avec les gens qui nous entourent dans le travail. Notre première valeur, c’est : « d’abord qui, ensuite quoi ». On a fait une entreprise autour des personnes avec qui on avait envie de travailler. Par exemple, dans notre politique de recrutement, pour savoir si une personne pourrait correspondre à nos attentes, on se disait : « Est-ce que cela va être plaisant ou pénible de déjeuner avec cette personne ? ». L’objectif est de s’enrichir du contact de l’humain.
Vous faites de ce principe une stratégie, une clef de voûte de votre développement ?
Arnaud Frey : on a créé Extia il y a 6 ans et demi. Aujourd’hui, il y a plus de 600 salariés. Je ne vois pas cela comme une règle, c’est plus du domaine du comportement, des valeurs. De ce fait, notre management et notre fonctionnement sont en perpétuelle évolution. La question a donc peu de sens pour nous puisque tout se fait de manière automatique avec le « d’abord qui et ensuite quoi ». Ce n’est pas une stratégie, c’est quelque chose de naturel, de pragmatique. Par exemple, pour trouver notre responsable paye, plutôt que de passer par l’externe, nous avons choisi la personne en interne que l’on trouvait la mieux placée pour cette mission. On lui a proposé d’être formée. Ce n’était pas du tout son métier au début mais on a vu que cela correspondait à son profil, à sa personne. Au-delà des ressources humaines, quand on applique ce concept, tout devient plus simple, plus facile. Cela se fait naturellement, en fait. Pour repartir de la théorie de l’espèce de Darwin, il y a ceux qui résistent, et ceux qui s’adaptent.
La clef, pour vous, c’est donc avant tout le recrutement ?
Nicolas Bourdin : nous avons recruté des gens qui nous ressemblaient en termes de valeurs. Et donc, ayant les mêmes valeurs, ils partagent notre forte implication dans les projets. Nous cherchons des gens qui ont envie de partager l’aventure avec nous. On s’assure qu’ils croient au projet. On leur dit : « Vous avez envie de partager cela avec nous ? On ne sait pas encore ce que vous allez faire mais on cherche des gens autonomes et responsables ». Cela aide notre management : on n’a pas besoin de les pousser pour que cela avance.
Arnaud Frey : tout chef d’entreprise rêverait d’avoir un niveau d’engagement fort, mais ce n’est pas un sujet pour nous. On veut des personnes engagées positivement. On aime que les gens voient le verre à moitié plein : tout ne peut pas être parfait mais on doit pouvoir tirer des éléments positifs de chaque chose. Un certain enthousiasme pour l’action !
Est-ce plus difficile de recruter des gens qui partagent cette vision ?
Arnaud Frey : on n’a pas de problème à trouver des personnes engagées et motivées. Notre réservoir, la génération Y, est assez créative, fidèle et loyale, si tant est que l’on comprend ses motivations. Le système top-down avec la génération Y, cela ne marche pas !
