EVOLEM & TIME FOR THE PLANET: LA RENCONTRE

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Échanges sans concession entre Arthur Auboeuf, co-fondateur de Time for the Planet, et Nicolas Rousset, Président d’Evolem.

Regards croisés sur le nécessaire engagement des entreprises dans la lutte contre le réchauffement climatique. Entretien mené par Bertille Ledru d’EKNO, le 7 mars 2022.

Nicolas, vous avez investi dans le projet Time for the Planet, c’est un signal fort donné par Evolem pour le soutenir. Pourquoi ce projet plutôt qu’un autre ?

Nicolas Rousset – Président d’Evolem
Le lien avec Time for the Planet s’est réalisé début 2020 quand un ami sur LinkedIn m’a transféré une de tes vidéos, Arthur ! Il m’a dit « Regarde ça, ce qu’ils font c’est super ! ». J’ai trouvé votre façon d’aborder le sujet complètement innovante, c’était assez osé !
J’aimais bien le côté pédagogique mêlé au côté assumé de dire que l’économie a un rôle à jouer là-dedans. Cela faisait écho à ce que l’on fait chez Evolem et à notre projet familial, alors je me suis mis à vous suivre d’un peu plus près et très vite, j’ai décidé d’embarquer à titre personnel en devenant associé, avant d’engager Evolem.

Votre parti-pris de dire qu’il faut investir dans des entreprises de l’économie de demain, pour pouvoir décarbonner la planète, et en osant faire les choses différemment – via l’opensource et votre grande communauté d’associés notamment – ne nous a pas laissé indifférents. Dans tous les cas, votre volonté d’action, votre courage et votre prise de risque est plus que pertinente face au grand défi qu’est la lutte contre le réchauffement climatique.

Pour Evolem, c’est un projet qui entre en résonance avec nos valeurs : nous sommes, comme vous, entrepreneurs dans l’économie et dans la philanthropie, avec des leviers d’actions et de transformation des deux côtés, et nous tenons d’ailleurs à continuer à conjuguer ces deux piliers au mieux car cela constitue l’une de nos forces.

La thématique de l’environnement est apparue pour nous comme une évidence car complémentaire des engagements sociaux déjà tenus par Evolem à travers notre fonds de dotation Evolem Citoyen et plus récemment Domorrow, le fonds de dotation que nous avons créé avec mon père Bruno Rousset et mes frères et sœurs. Domorrow soutient des projets d’intérêt général pour l’environnement et la transition écologique & solidaire. En repartant de nos valeurs familiales, et certains d’entre nous ayant des enfants, notre volonté d’agir s’est vite portée sur les projets en faveur des générations futures.

En ce sens, nous sommes très admiratifs et solidaires de la mission menée par Time for the Planet, au point que certains d’entre nous ont investi à titre personnel également.

Arthur, pouvez-vous nous expliquer le principe des Dividendes Climat et pourquoi est-ce un vrai levier d’engagement pour les entreprises ?

Arthur Auboeuf – co-fondateur de Time For The Planet
Aujourd’hui pour agir contre les émissions de CO2, il existe le crédit carbone : une façon pour les particuliers et les entreprises de compenser des actions émettrices de carbones, sans pour autant transformer son activité.
Dans les prochaines semaines, il existera le Dividende Climat, avec lequel nous allons pouvoir flécher les investissements qui contribuent à l’atteinte collective de la neutralité carbone à l’échelle mondiale.

Ces deux concepts sont complémentaires et nécessaires, mais il faut noter néanmoins que le « dividende climat » est l’opposé philosophique du « crédit carbone ». Comprendre : Avec le dividende climat, je participe à l’effort collectif, quand, avec le crédit carbone, je compense les émissions de mon activité telle qu’elle existe.

Jusqu’à présent, il n’existait pas d’outil, de référentiel mondial du dividende climat qui mette tout le monde d’accord et qui permette de valoriser ceux qui investissent sincèrement pour la transition écologique et la décarbonation de la planète. Au point qu’investir dans la transition était devenu des-incitatif !

Ensemble avec les experts de l’ADEME, de l’ONU Climate Change, Carbone 4, SWEEP, Renaud Bettin… nous avons créé un indicateur, précis, clair, que l’on peut désormais retourner à nos actionnaires pour quantifier et donner une valeur extra-financière à leur investissement pour la planète.

Cet outil, utilisable par tous, permettra de piloter la transition et notamment les investissements dans les innovations qui vont décarbonner massivement. Pour une entreprise également, de montrer qu’elle participe à l’effort collectif mondial, et de se comparer à ses pairs.

L’objectif est une plateforme, avec l’ONU notamment, sur laquelle figureront toutes les entreprises qui investissent en faveur de la transition écologique, à quelle hauteur, et quel impact leurs investissements auront eu sur la planète. Les dividendes climat n’auront pas une valeur financière directe, mais on comprend bien qu’en termes d’image pour les entreprises, la valeur est bien réelle tout de même.

Grâce au dividende climat, nous avons enfin un vrai levier d’engagement et nous pensons que cela va changer la donne auprès des investissements corporate.

 


Côté Evolem, vous êtes donc conscients qu’il n’y aura pas de retour sur investissement, au sens financier du terme ?

Nicolas Rousset
Une fois n’est pas coutume, il n’y aura pas de rendement financier pour cet investissement, mais il y aura un rendement pour la planète, ce qui est encore plus important à l’heure actuelle !
Chez Evolem, il nous importe d’avoir ce rôle de soutien, alors on s’en saisit. Si notre engagement peut servir d’exemple à d’autres entreprises et leur permettre de sauter le pas, nous en serons très satisfaits.

Alors, que faire pour contribuer à embarquer d’autres entreprises dans l’aventure ?

Arthur Auboeuf
Les entreprises sont cruciales pour donner de l’élan à la mission de Time for the Planet et plus globalement pour la réussite collective de la lutte contre le réchauffement climatique.

Il faut d’abord une prise de conscience essentielle : l’économie ne peut plus fonctionner sans l’écologie. Les états d’esprit changent et on sent enfin une convergence, une volonté d’agir ensemble !

Pour passer à l’action quand les moyens et les outils sont déjà là, il faut ensuite être capable d’une prise de recul sur la situation dans son ensemble, de réfléchir le monde autrement.
Le frein, c’est souvent la peur de l’inconnue, le pas de côté qu’il faut faire sans savoir où l’on va retomber.
Le vrai sujet pour les dirigeants est donc celui-là : penser l’entreprise autrement.

Pour Evolem, soutenir les projets entrepreneuriaux, et savoir faire un pas de côté, comme vous le faites pour tous les projets philanthropiques déjà soutenus, est dans votre ADN. Mais pour d’autres entreprises, cela prendra plus de temps.
Toutefois ne perdons pas espoir car il est encore temps de se réveiller et d’agir. Et peut-être qu’un jour, il y aura une sorte de « prime au courage » pour ceux qui nous ont suivi dès le départ comme vous !