Franck Vialle est le créateur de l’enseigne Ulysse, spécialiste du transport des personnes à mobilité réduite. Une problématique qu’il connaît bien, étant lui-même handicapé. Ulysse a récemment été distingué en 2018 Talent Européen de la Mobilité Réduite. Aujourd’hui à la tête d’un dynamique réseau de franchises (90 entreprises, 3 500 salariés et 45 millions de chiffre d’affaires), Franck Vialle souhaite poursuivre ce développement avec la ferme volonté de donner sa chance à chacun.
Comment est née l’enseigne Ulysse ?
Il y a 30 ans, j’ai été victime d’un grave accident qui m’a contraint à vivre avec le handicap. J’ai ensuite suivi des études dans le domaine social. Au fil de mes déplacements, compliqués, je me suis rendu compte à quel point la mobilité est une problématique majeure dans la vie des personnes handicapées. Or l’offre, souvent associative et dépendante des subventions, n’était pas à la hauteur des besoins et ne pouvait pas suffisamment se développer. D’où la volonté de créer Ulysse, un service à destination des personnes à mobilité réduite accessible 7j/7 et 24h/24 et proposant des véhicules confortables et des chauffeurs formés.
De quelle manière s’est déroulé votre parcours d’entrepreneur ?
J’ai lancé mon activité à Nice où je vivais. Je devais faire face à de multiples obstacles. D’une part tous ceux liés au handicap et à ses contraintes. D’autre part tous ceux liés à la création d’entreprise. J’ai notamment dû batailler pour obtenir les agréments nécessaires.
Ma motivation était sans faille
Difficile de faire face à l’administration quand on ne rentre pas dans les cases, mais ma motivation était sans faille et l’est toujours. Après avoir failli mourir, plus grand chose ne peut me perturber. Je ne me pose pas trop de questions, j’avance.
Comment s’est lancée l’activité ?
J’ai mobilisé les 35 000 francs que j’avais, acheté un véhicule d’occasion, salarié un chauffeur à mi-temps. En décembre 1996 je déposais les statuts, en 1997 l’activité commençait. D’abord sous la forme d’une entreprise d’insertion puis, sur les bons conseils du directeur de la Boutique de Gestion qui m’accompagnait, sous la forme d’une enseigne de franchise. Une démarche qui était alors assez mal vue. Je ne voulais pas basculer dans le modèle associatif, avoir une entreprise était important pour moi. J’étais fier de mener ce projet, fier d’être à la sortie de l’école de mon enfant « l’homme aux petites voitures bleues » et non pas juste le père handicapé.
Qu’avez-vous voulu insuffler dans ce projet ?
L’objectif premier a été de créer mon activité tout en répondant aux attentes des personnes à mobilité réduite.
Ce qui m’a rapidement animé ensuite a été la volonté d’intégrer dans ce réseau des personnes en grande difficulté sociale
Ce qui m’a rapidement animé ensuite a été la volonté d’intégrer dans ce réseau des personnes en grande difficulté sociale, de leur mettre le pied à l’étrier. Et plus largement d’ouvrir le réseau à tous les publics qui accèdent moins facilement que d’autres à l’entrepreneuriat comme les personnes malades, handicapées ou même les femmes car la parité n’est pas encore une réalité. De nombreuses personnes ont cru en ce projet et le réseau s’est rapidement développé. Je souhaite aujourd’hui que nous puissions avoir un meilleur maillage du territoire. Atteindre 150 unités d’ici 5 ans, c’est l’objectif !
A relire sur le blog, la tribune de Bruno Rousset sur Norbert Alter